LES PROMESSES À SOI

Publié le 4 août 2024

Les promesses à soi :

Certains événements que l’on va interpréter comme durs ou marquant de notre vie peuvent nous amener à nous faire des promesses à nous-mêmes; dans le but erroné de ne jamais revivre la difficulté du moment. Se faire une promesse à soi consiste à verrouiller une pensée concernant quelqu’un, quelque chose ou une généralité sur l’émotion du présent au moment où on est en train de vivre l’évènement. 

On pose un point de repère à l’instant de la difficulté vécue, celui-ci servira d’ancrage à toute forme de pensée à venir en lien avec l’événement marquant. 

L’évènement ayant pu être ponctuel ou à répétition, la promesse à soi aura été faite au moment où il aura été vécu comme une difficulté avec l’émotion qui y correspond, c’est là que se forme la prison. 

Se faire une promesse à soi, c’est garder une émotion négative, pour toujours en revenant constamment au point d’ancrage douloureux, dans le cas où l’évènement vécu dans le présent sera considéré comme une difficulté. Ainsi, une personne va se donner des directives très restrictives pour toute sa vie. Ces directives s’appuient sur des bases de pensées qu’elle a eu autrefois, alors qu’elle n’était peut-être qu’un enfant. Elle va suivre ses propres injonctions qui vont lui faire perdurer l’émotion négative qu’elle a ressentit dans le passé, au devant de chaque situation ayant un rapport quelconque avec l’évènement qu’elle a subit. Colère, peur, culpabilité sont les bagages qu’une personne qui se fait une promesse à elle-même peut avoir à porter tout au long de sa vie; elle ne vit que du passé et s’en sert comme excuse pour justifier ce qu’elle fait, ou ne fait pas.

Ce que nous qualifions de traumatisme peut ainsi être ainsi considéré comme une promesse à soi que nous nous sommes fais dans un moment où l’émotion négative à prit le dessus; nous décidons de brider notre vie en fonction de la promesse que nous nous sommes faites à nous-mêmes. La peur de vivre se répand ainsi quand on s’est promit de ne plus revivre certains événements du passé; nous créons alors tout un tas d’instruments de rejet pour repousser l’évènement qui semble venir. La fuite, les masques, l’auto-sabotage, l’auto-privation, l’agoraphobie et bien d’autres attitudes néfastes nous accompagnent tout au long de notre vie parce qu’on s’est promit quelque chose à un moment donné.

 Le passé est l’excuse principale à toute forme de négativité, de par son côté subjectif, il est facilement malléable pour quelqu’un qui ne veut pas accepter certaines vérités; on en fait ce qu’on veut si on est le seul à être concerné, ce qui est souvent le cas dans une promesse à soi. On va être le seul à être concerné par l’émotion négative qu’on aura ressorti de l’évènement déclenchant, ainsi, comme nous aurons à faire à une communication de soi à soi, nous allons probablement opter pour la sacro-sainte posture de victime. Sans avoir communiqué quoi que ce soit vers l’extérieur, nous allons poser notre jugement sur l’évènement qu’on aura interprété comme douloureux. Evénement douloureux ou pas, ce qui provoque la douleur, c’est ce qu’on en a fait, ainsi, on va se promettre de ne plus jamais avoir à ressentir cette douleur en scellant une décision prise pendant un moment qui n’était pas le bon.

L’injonction de la promesse à soi est puissante par l’effet de l’auto-validation, du fait qu’elle vienne de nos propres pensées, elle scelle sa légitimité dans le marbre de notre esprit. Par le déni, nous allons accorder une confiance totale en ces pensées d’avant qui va nous motiver de surcroit à croire que c’est une bonne chose, la confiance, quand elle est accordée sur des choses toxiques peut être la plus grande des prisons.

Une promesse à soi est un verrou au présent, elle guide chaque action actuelle en fonction d’une mauvaise chose de vécue autrefois; elle ôte les bienfaits de la spontanéité et de la découverte à une personne qui n’arrive pas à vivre. Celle-ci n’arrive pas à vivre car le présent doit se saisir sur le moment, ce dernier est constamment en mouvement et ne nous attend pas; elle vit alors une vie décalée de la réalité en faisant constamment appel à sa promesse. Ses yeux ne voient qu’au travers du filtre des émotions négatives qu’elle a verrouillé en elle le jour de sa promesse, plus rien n’est beau quand on regarde au travers de quelque chose de toxique, quand plus rien n’est beau à nos yeux, on ne vit que de la laideur. 

C’est comme si on était devant des barrières qu’on avait nous-mêmes installé et fermé, mais on ne se souvient pas que c’est nous qui les avons installé ni même qu’on a la clé pour les ouvrir. La clé nous semble être très loin, derrière nous et cachée dans un souvenir. De plus, nous nous devons d’être conscients de nous trouver dans une prison, et que cette clé n’apparaitra que quand nous accepterons de voir à quel point nous nous infligeons du poison.

Nous pouvons ainsi rester sur place, et laisser les barrières faire leur effet de frein à la vie, ne plus chercher à avancer et attendre que peut-être quelqu’un de bienfaisant vienne nous ouvrir. 

Nous pouvons également tenter de les franchir en grimpant dessus pour tenter de continuer à avancer malgré les difficultés que l’escalade comporte et la fatigue que cela procure, ce qui ralentit fortement notre avancée et c’est risqué. 

Ou alors, nous pouvons aller rechercher la clé qui nous permettrait de les ouvrir sans risques ni fatigue ni perte de temps, il faut pour cela avoir le courage d’affronter le fait de s’être peut-être trompé en se faisant une promesse à soi.

Combien de personnes se refusent au bonheur parce qu’elles se sont promises de ne plus se faire avoir, les belles choses passent devant leur nez, leurs sont proposées mais elles ne veulent voir que ce que leur promesse leur rappellent. S’isoler des hommes, de ses parents, des autres qui nous ont fait du mal, et qu’on s’est promis de ne plus jamais y revenir peut consister à se faire du mal pour ne plus avoir mal. La promesse à soi traine une vie dans un paradoxe infernal qui n’aura de cesse de la rendre plus négative encore, elle est un comble de l’illogisme que personne ne veut crédibiliser.

                                                           La clé :

Vouloir vivre n’est pas à la portée de tout le monde, ni de n’importe quel instant, cela découle de la prise de conscience que la prison de notre esprit n’est pas infaillible. Cette dernière est totalement fabriquée par ce que notre ignorance de la vie nous a amené à faire, elle n’est que la résultante d’actions novices et spontanées que nous nous sommes imposées. Il n’y a aucun mal à être ignorant de des fondements de vie comme ceux-ci, ils ne nous apparaissent pas aux yeux quand nous naissons, personne ne nous renseigne dessus; ce sont les difficultés que nous nous fabriquons qui, un jour peut-être nous donnerons l’occasion de les percevoir si nous le décidons. Nous le déciderons quand la vie nous aura ouvert les portes nécessaires qu’il nous faudra ouvrir pour cela.

Une promesse n’est qu’une suite de mots, de pensées auxquels nous avons accordé le plus grand des crédit en croyant que c’était une bonne chose pour nous. Elle est faite dans l’ignorance de l’aspect néfaste qu’elle aurait sur nos vies, elle n’est qu’une qu’une conséquence d’un surplus d’émotions du passé que nous avons géré sans savoir comment faire. 

Se faire une promesse à soi, c’est passer un accord avec soi-même pour s’adapter à la vie que l’on croit percevoir, cet accord est conclu dans le vase clos qu’est notre esprit dans des moments où des événements nous mettent en émois. C’est un accord qui concerne nous et nous, deux entités qui ne sont pas distinctes mais qui se différencient subjectivement pour créer une communication interne. Ainsi, pour pouvoir communiquer vers nous, nous devons créer deux formes d’âmes qui vont permettre l’illusion d’une conversation, celles-ci se distinguent par leur provenance respective. 

L’une vient de la tête, et l’autre vient du coeur, l’une parle, l’autre écoute ce qui dit la part qui parle, ainsi, dans la conscience, les communications entendues vont toujours de la tête vers le coeur. Ce que dit le coeur sera beaucoup plus difficile à traduire pour une personne qui n’est pas initiée, elle ressentira une émotion qui ne s’entend pas, aucun mot ne sort de l’émotion. Les non-initiés auront tendance à suivre les messages qui s’entendent, c’est-à-dire ceux dont ont en ressort une traduction de mots, ils suivront leur tête parce que c’est tout ce qu’ils connaissent et entendent. 

Écoutez le coeur qui vous parle quand une émotion est là, c’est un apprentissage à suivre au jour le jour si on veut arriver à décrypter ce que nous dit le coeur, quand l’émotion est là, cela traduit une volonté d’expression. L’expression se traduit par la présence de l’émotion à un moment précis des événements qui la déclenche, avec l’expérience, vous saurez traduire son intensité et sa présence dans le timing. Le timing est important car beaucoup d’émotions surviennent à l’après-coup du déclencheur, c’est donc la pensée de celui-ci qui provoque l’émotion. Une pensée qui vient sur le tard révèle une forme d’analyse préalable, la personne aura peut-être fait un travail d’anticipation de l’émotion en créant une interprétation.

Apprenez à revenir sur vos promesses d’antan en vérifiant si l’émotion associée est toujours la même avec le temps qui est passé depuis, la lecture actuelle des événements peut être différente. Avec la prise de conscience que ce que vous avez vécu n’était pas forcément une bonne raison de se faire une promesse à soi, vous lirez le passé avec une forme de mise-à-jour. Celle-ci vous indiquera un chemin plus serein à suivre en réaction à l’évènement déclencheur.

Apprenez à vous pardonner ce que vous avez fait, ce que vous avez vécu, dénouez vous-même les liens que la promesse vous a créé en invalidant votre propre décision du passé. Accordez-vous le droit à l’erreur, à la maladresse, ainsi qu’aux autres, donnez une chance à une personne qui vous a fait du mal de pouvoir être jugée comme quelqu’un qui a peur, comme quelqu’un qui souffre. Mettez à jour vos sensations  sur l’évènement en question en réévaluant ce qui s’est passé sous un regard plus neuf et serein. Admettez vous être peut-être trompés, admettez avoir peut-être exagéré certains détails, admettez avoir prit la posture de victime qui vous a incité à produire des émotions qui n’avaient pas forcément lieu d’être. 

Toutes ces choses à accepter vous libérerons de vos promesses profondes qui barrent votre chemin de vie actuelle, c’est en allégeant les pensées qu’elles commenceront à s’ouvrir pour que vous puissiez vous défaire du lien toxique.