Pour beaucoup de gens, la décision de se faire un tatouage
représente une énorme prise de risque, l’envie les poussent
mais la peur est bien là, et quoi qu’il en soit, il faudra bien
l’affronter si ils veulent s’arborer un jour du tattoo de leur
rêve.
Un client qui démarche un tatoueur peut avoir tout un tas
d’attitudes en conséquence de la peur de ce qu’il a
l’impression de vivre; je parle bien d’impression de vivre car
sa peur est fantasmée dans sa tête et rien ne correspond à
ce qui est. Il est dans un futur qu’il façonne dans sa tête à
sa manière, il se laisse berner par ses propres pensées.
L’aspect définitif du tatouage entraine chez lui une peur
qu’il ne peut empêcher, il va alors tenter de l’atténuer par
des tentatives de prise de contrôle.
Il démarche donc le tatoueur, tout en ayant en
considération qu’il est client, pour contrôler, il veut se
donner l’importance qui est traditionnellement attribuée à
cette posture et va ainsi exiger une prestation avec des
exigences personnelles. Celles-ci sont tout à fait légitimes
quand elles ne sont pas les résultantes d’un besoin de
contrôle excessif, elles représentent le projet qu’il aimerait
réaliser et qui est soumit au tatoueur.
Quand le client a peur et recherche le contrôle sur la
démarche qu’il est en train d’effectuer, ses demandes ne
sont là que pour affirmer sa position de décideur-payeur, à
ce stade, il ne cherche pas un beau tatouage mais un
tatouage qu’il aura controlé. Un tatoueur d’expérience aura
rapidement repéré le besoin excessif de contrôle de son
client, il va faire ce qu’il lui semblera bon de faire pour son
bien à lui. Ainsi, il peut se laisser contrôler sans se
positionner et laisser la peur de son client guiderl’intégralité de la démarche, il peut également imposer son
propre contrôle pour ne pas avoir à subir les incertitudes de
son client. Si les deux protagonistes ne lâchent rien, ils vont
indéniablement rentrer dans un rapport de force, celui-ci
n’aurait pas lieu d’être, car si tout le monde veut contrôler
rien ne se fait et si rien ne se fait, c’est dommage.
Le rapport de force entre un client qui veut être le décideur,
parce que c’est son corps, qu’il paye et un tatoueur qui a
l’expérience des choses et qui ne veut pas se laisser dicter
ce qu’il doit faire peut facilement tourner à l’absurdité et
devenir usant pour les deux parties.
Aucun ne voulant donc lâcher de lest, les égos ne lâchant
pas prise, l’issue possible peut alors être que le tatouage
ne se fasse pas.
Il arrive fréquemment que certains tatoueurs imposent un
système d’obligation pour ne pas avoir à modifier à tout va
ce qui était prévu depuis le début, ainsi, pour que le deal se
fasse, le client doit totalement se laisser aller à faire
confiance au tatoueur. Par exemple, celui-ci ne lui
présentera son dessin qu’au moment même du tatouage
afin d’éviter tout changement de direction intempestif, le
client se voit imposé de se tatouer quelque chose qu’il n’a
jamais vu sur l’autel du contrôle. Certains vont refuser
d’envoyer par voie numérique le futur tattoo et
n’autoriseront pas de le prendre en photo avant qu’il ne soit
tatoué dans le but évident de ne pas susciter l’excès de
contrôle du client. Ils passent donc par les contraintes pour
verrouiller le projet et se sentir tranquilles de créer sans que
le client ne demandent des modifications qui ne sont
souvent que des modifications demandées par principe. Ce
principe, c’est le contrôle.
La clé:Venant du client, la chose à faire serait de ne pas vous
laisser guider par votre peur, et pour cela, vous devez tout
d’abord en prendre conscience, ce qui est souvent très
difficile. En effet, très peu de gens sont à même de
l’admettre et affirment même qu’il n’ont pas peur sur le ton
de la défensive.
Quand on admet qu’on a peur, cela veut dire qu’on s’ouvre
à vouloir lâcher-prise et à arrêter de penser qu’on est les
mieux placé pour décider des choses, même si il s’agit de
notre corps.
En laissant la confiance vous porter, vous ferez preuve de
courage et gratifierez votre estime, de plus vous allégerez la
pression vers le tatoueur qui sera plus léger pour travailler,
par conséquent, le résultat s’en fera ressentir.
Venant du tatoueur, je pense qu’il faut prendre un client
contrôlant comme quelqu’un qui a peur et non comme
quelqu’un « d’exaspérant », ainsi vous vous adapterez à
une image de lui positive plutôt que de vous mettre dans
une quasi posture de conflit. Il ne fait pas ça pour vous
nuire, il fait ça pour que vous le rassuriez, mettez-vous ça
en tête, alors comme il veut être rassuér, prenez sur vous
de communiquer avec assurance et sans agressivité et
demandez-lui qu’il vous fasse confiance. N’oubliez pas que
c’est probablement sa première expérience en la matière
alors que vous connaissez cette situation sur le bout des
doigts, tâchez d’être digne de ce que vous êtes.
Le but étant qu’il reparte avec un beau tatouage, et que
votre image en soit gratifiée, faites en sorte que ce but soit
atteint.
Dans les deux cotés nous trouvons de bonnes raisons de
réagir mais n’oublions pas que la confiance n’est pas
quelque chose qui peut être imposé, mais plutôt proposée.