LE CLIENT CONTROLANT

Publié le 13 janvier 2025

Pour beaucoup de gens, la décision de se faire un tatouage

représente une énorme prise de risque, l’envie les poussent

mais la peur est bien là, et quoi qu’il en soit, il faudra bien

l’affronter si ils veulent s’arborer un jour du tattoo de leur

rêve.

Un client qui démarche un tatoueur peut avoir tout un tas

d’attitudes en conséquence de la peur de ce qu’il a

l’impression de vivre; je parle bien d’impression de vivre car

sa peur est fantasmée dans sa tête et rien ne correspond à

ce qui est. Il est dans un futur qu’il façonne dans sa tête à

sa manière, il se laisse berner par ses propres pensées.

L’aspect définitif du tatouage entraine chez lui une peur

qu’il ne peut empêcher, il va alors tenter de l’atténuer par

des tentatives de prise de contrôle.

Il démarche donc le tatoueur, tout en ayant en

considération qu’il est client, pour contrôler, il veut se

donner l’importance qui est traditionnellement attribuée à

cette posture et va ainsi exiger une prestation avec des

exigences personnelles. Celles-ci sont tout à fait légitimes

quand elles ne sont pas les résultantes d’un besoin de

contrôle excessif, elles représentent le projet qu’il aimerait

réaliser et qui est soumit au tatoueur.

Quand le client a peur et recherche le contrôle sur la

démarche qu’il est en train d’effectuer, ses demandes ne

sont là que pour affirmer sa position de décideur-payeur, à

ce stade, il ne cherche pas un beau tatouage mais un

tatouage qu’il aura controlé. Un tatoueur d’expérience aura

rapidement repéré le besoin excessif de contrôle de son

client, il va faire ce qu’il lui semblera bon de faire pour son

bien à lui. Ainsi, il peut se laisser contrôler sans se

positionner et laisser la peur de son client guiderl’intégralité de la démarche, il peut également imposer son

propre contrôle pour ne pas avoir à subir les incertitudes de

son client. Si les deux protagonistes ne lâchent rien, ils vont

indéniablement rentrer dans un rapport de force, celui-ci

n’aurait pas lieu d’être, car si tout le monde veut contrôler

rien ne se fait et si rien ne se fait, c’est dommage.

Le rapport de force entre un client qui veut être le décideur,

parce que c’est son corps, qu’il paye et un tatoueur qui a

l’expérience des choses et qui ne veut pas se laisser dicter

ce qu’il doit faire peut facilement tourner à l’absurdité et

devenir usant pour les deux parties.

Aucun ne voulant donc lâcher de lest, les égos ne lâchant

pas prise, l’issue possible peut alors être que le tatouage

ne se fasse pas.

Il arrive fréquemment que certains tatoueurs imposent un

système d’obligation pour ne pas avoir à modifier à tout va

ce qui était prévu depuis le début, ainsi, pour que le deal se

fasse, le client doit totalement se laisser aller à faire

confiance au tatoueur. Par exemple, celui-ci ne lui

présentera son dessin qu’au moment même du tatouage

afin d’éviter tout changement de direction intempestif, le

client se voit imposé de se tatouer quelque chose qu’il n’a

jamais vu sur l’autel du contrôle. Certains vont refuser

d’envoyer par voie numérique le futur tattoo et

n’autoriseront pas de le prendre en photo avant qu’il ne soit

tatoué dans le but évident de ne pas susciter l’excès de

contrôle du client. Ils passent donc par les contraintes pour

verrouiller le projet et se sentir tranquilles de créer sans que

le client ne demandent des modifications qui ne sont

souvent que des modifications demandées par principe. Ce

principe, c’est le contrôle.

La clé:Venant du client, la chose à faire serait de ne pas vous

laisser guider par votre peur, et pour cela, vous devez tout

d’abord en prendre conscience, ce qui est souvent très

difficile. En effet, très peu de gens sont à même de

l’admettre et affirment même qu’il n’ont pas peur sur le ton

de la défensive.

Quand on admet qu’on a peur, cela veut dire qu’on s’ouvre

à vouloir lâcher-prise et à arrêter de penser qu’on est les

mieux placé pour décider des choses, même si il s’agit de

notre corps.

En laissant la confiance vous porter, vous ferez preuve de

courage et gratifierez votre estime, de plus vous allégerez la

pression vers le tatoueur qui sera plus léger pour travailler,

par conséquent, le résultat s’en fera ressentir.

Venant du tatoueur, je pense qu’il faut prendre un client

contrôlant comme quelqu’un qui a peur et non comme

quelqu’un « d’exaspérant », ainsi vous vous adapterez à

une image de lui positive plutôt que de vous mettre dans

une quasi posture de conflit. Il ne fait pas ça pour vous

nuire, il fait ça pour que vous le rassuriez, mettez-vous ça

en tête, alors comme il veut être rassuér, prenez sur vous

de communiquer avec assurance et sans agressivité et

demandez-lui qu’il vous fasse confiance. N’oubliez pas que

c’est probablement sa première expérience en la matière

alors que vous connaissez cette situation sur le bout des

doigts, tâchez d’être digne de ce que vous êtes.

Le but étant qu’il reparte avec un beau tatouage, et que

votre image en soit gratifiée, faites en sorte que ce but soit

atteint.

Dans les deux cotés nous trouvons de bonnes raisons de

réagir mais n’oublions pas que la confiance n’est pas

quelque chose qui peut être imposé, mais plutôt proposée.